Gitans et Gens du Voyage

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Témoignage de Gérard aux Saintes Maries de la Mer en mai 2012

Merci de votre présence ici. Si je suis présent, aujourd’hui, c’est grâce à Dieu qui m’a sauvé et aux Saintes. J’ai été  frappé d’une maladie vicieuse qui veut dire méningite foudroyante que j’ai eue. Voilà ce qui s'est passé, je vais vous expliquer.

Quelques jours avant Noël, j'étais chez moi dans ma caravane et je ne me sentais pas bien ; j’ai fait venir le docteur qui dit : «  vous avez une forte grippe. » Quelques jours après cette grippe, c’était la méningite qui était là. J’étais inconscient ; mes enfants, ma femme étaient présents, ils ont appelé les pompiers, les pompiers sont venus me chercher ; je ne me rappelle de plus rien du tout. C’est ma femme et mes enfants qui m’ont raconté le problème.

C’est une histoire vécue : j'ai été transporté d'urgence dans le premier hôpital, mais malheureusement je suis tombé dans le coma pendant sept jours et je vous dis franchement, les sept jours que j’ai vécus, j'étais parti dans un autre monde ; et ce monde, je me demande si je n’allais pas le rejoindre. Tous ceux de ma famille, ont su que j’étais dans un état très grave et tout le monde est venu à l’hôpital, par centaines de personnes, parce qu’ils attendaient ma fin. Le docteur avait dit à ma femme et à mes enfants : « Vous savez …. » Excusez-moi je suis émotionné, c'est une histoire que j'ai vécue... je suis là présent, j’ai la force pour mes enfants et depuis ce jour, sur mon lit d'hôpital, quand j'ai repris conscience, parce que j’ai quand même fait un mois et demi d’hôpital, j’étais vraiment en soins intensifs. J’'étais en soin intensifs pendant quinze jours...

Un de mes enfants se tapait la tête et un de mes frères l’a appelé « Viens voir Marceau, ton père va pas mourir… car le problème, il croit trop en Dieu, il fréquente les gens d’Eglise, il va dans les églises, et il se soigne avec les Saints. Ton père, ton père ne va pas partir. »

Et je suis présent là devant vous. Il y en a qui n’y croient pas ... que voulez- vous faire ? ça s’est passé comme ça. Et les gens, ça s’est mis en route. Il y a des gens qui sont dans cette église, ils ont prié beaucoup en assistant à des messes, parce que des messes ont été dites exceptionnellement pour moi ! Ma fille a fait plein d’actions pour me mettre des reliques sur mon lit, sur ma tête, parce que c’est la méningite qui avait frappé.

Ca s'est très bien passé, et le docteur  a dit «  Vous savez, Monsieur, si vous êtes là, si vous êtes là dans mon service… vous devriez être parti en dessous terre ! Et les jours ont passé et j'ai été très très bien soigné, les gens ont beaucoup prié ; l’évêque de notre région à Coutances et Avranches a prié, a fait des messes à mon intention ; le prêtre de ma commune, le tout petit pays de Carentan, a fait des messes également ; des gens qui sont présents dans cette église et notre diacre qu’a fait des messes, et tout le monde, on a prié pour moi. Faut croire au miracle, car je l’ai le miracle et si je suis là au milieu de vous, c'est grâce à Dieu et à tous les saints. Sur mon lit d’hôpital j’ai médité et réfléchi.

J’ai dit à ma femme, on va repartir aux Saintes, au pèlerinage, c’est normal. Mais avant d'aller aux Saintes, on a fait un détour par Lourdes, pour remercier Notre-Dame de Lourdes. Et après on est partis dans la région entre Rodez et Aurilllac. J’ai remercié la Sainte Foy et en arrivant ici mardi matin, je suis venu directement remercier nos Saintes des Saintes Maries de la Mer de m'avoir protégé. Et la seule chose que je veux, c'est que tout le monde croie au miracle. Ca existe les miracles parce que moi, j’y suis un miraculé de ta vie. (dit-il en regardant la croix d e l’église) On m’appelle à l’hôpital ‘le ressuscité’ ! Ils me disent ‘Monsieur le ressuscité’ mais je dis « Non ! Ma foi et les docteurs, ça ne fait qu’un seul bloc » ce qui veut dire qu’ils travaillent ensemble  et le médecin m’a dit : « D’un sens ou de l’autre, vous êtes croyant ? »

« Oui, je suis croyant, je suis catholique, je suis un gars d’Eglise.»

Je ne regrette pas du tout que mes parents qui m’ont donné la religion. C’est pour ça qui ne faut jamais délaisser notre religion, être tenté d'aller ailleurs, parce que on nous a donné, petits, le baptême, la communion, la communion solennelle, la confirmation et j’en suis fier !

C’est nos parents qui nous ont donné la foi. La foi ça existe toujours et les saints sont là pour nous soulager ; c’est la croyance qu’il faut avoir en soi même. Quand j’entends parler les gens qui disent : c’est pas vrai  !... parce que moi, mon histoire je l’ai vécue ; ma femme et mes enfants me l’ont dit : ça s’est produit comme ça. Dans le rapport de la médecine c’est bien spécifié : j’ai un léger handicap naturellement qu’est suivi ; j’aurais pu être paralysé, avoir perdu la tête totalement ; j’ai perdu l’oreille c’est vrai, mais j’ai la vue, et je vois tout le monde et je suis content.

Je remercie tous les gens qui ont prié pour moi, qui que ce soit, même des gens que je ne connais pas, ils ont assisté à des messes, ont prié à mon intention.

Je remercie mon évêque de chez nous qui est venu un jour à l'improviste, s’est déplacé, qui est passé me voir.

Ce que je demande c'est qu'on ait une pensée pour tous nos malades actuels. Et pensons à nos défunts que nous avons connus et qui sont partis. J’avais peur de la mort, de mourir et bien maintenant, le jour où l’heure aura sonné, j’irai les rejoindre et je serai parti … et je serai comblé et c’est pour ça que je suis là présent et dans l’espérance, avec Sa volonté ….

Et que Dieu vous bénisse tous.

Gérard


PS : Gérard et sa famille sont forains. Son épouse Raymonde est du monde du voyage. Ils habitent Carentan (50) en Normandie . Lors du récent congrès des forains à Rome, Gérard a aussi témoigné devant le pape Benoit XVI

Le cadeau, c'est moi !

Laissez-moi vous offrir ce petit fait vécu comme un cadeau…
Gimi a 15 ans. Cela fait un an qu’il a quitté sa grand-mère en Roumanie pour rejoindre ses parents,

en France. Sa grand-mère lui manquait beaucoup...
Gimi est parti le 23 décembre pour passer les fêtes en Roumanie, avec sa grand-mère.

Gimi, as-tu un cadeau pour ta grand-mère ? lui ai-je demandé discrètement.
Mais le cadeau pour ma grand-mère, c’est moi ! me répondit-il avec un magnifique sourire !
Gimi ne nous fait-il pas entrer dans le vrai sens de Noël ? dans le mystère de Noël ?

En effet, Dieu ne distribue pas de cadeaux comme le Père Noël. Il se donne lui-même… et il nous demande d’être nous aussi, un cadeau les uns pour les autres !

Que durant cette année nouvelle, il nous soit donné d’être un cadeau pour les autres…qu'il nous soit donné de nous  accueillir comme des cadeaux !

Soeur Annette.

Elle ressemblait étonnamment à Bernadette…

Elle était assise sur le trottoir, près d'un magasin de souvenirs et y « faisait la manche ». Je m'approche et la salue : « Droboy tu, so keres ? » (Bonjour, que fais-tu ?).

« Mon bébé est malade ». Elle m'explique… et me dit qu'elle vient de Bucarest avec sa mère et ses frères.

Je lui fais une offrande. C'est alors qu'elle se lève d'un bon, et me saute au cou : « C'est aujourd'hui mon anniversaire, j'ai 18 ans ! Viens au café».  Je lui souhaite son anniversaire, formule pour elle plein de souhaits en romanes, l'embrasse et la serre dans mes bras.

Nous voilà installées au café. Elle mange un petit pain au chocolat et met précieusement le second dans son sac, pour sa maman. Son grand souci, c'est la santé de son enfant. Elle a entendu dire qu'ici « il y avait de l'eau », mais elle n'a pas le droit d'entrer dans les sanctuaires : « Avec ma jupe, je suis repérée, il faudrait que je mette un pantalon ».

« Si tu veux, nous y allons ensemble. J'achète un bidon et nous allons chercher de l'eau ? »

Nous voilà parties ! Cette petite femme de 18 ans avec sa jupe longue, son petit chignon, ressemble étonnamment à celle que l'on connait bien à Lourdes ; il ne lui manque que le fichu et les sabots ! Je l'appellerai donc « Bernadette ».


Dès l'entrée des sanctuaires, Bernadette prend mon bras. On se dirige vers les fontaines. Tout le long du chemin elle me parle, pose des questions et me dit qu'elle est chrétienne et catholique.

A la fontaine, tout en faisant les gestes nous prions : « Seigneur lave mes yeux… donne moi de dire de bonnes paroles… lave mes pieds…donne moi la force de continuer la route… la route si dure de la vie »

Puis elle me pose la question des piscines, ne sachant pas trop comment prononcer ce mot.

Lentement, nous passons devant la Grotte, en silence… c'est l'Eucharistie. Elle est impressionnée par les cierges. Je lui en explique le sens ainsi que celui des piscines. Elle est toute à l'écoute !

Au retour, nous nous arrêtons plus longuement devant la Grotte. Au moment de la communion, près de moi, elle reçoit la Bénédiction du prêtre. La prière se prolonge, mais on sent son inquiétude : sa maman est restée seule dans la rue !

Bernadette voudrait voir l'église « sous-terre ». Le bidon plein d'eau nous avançons vers  Pie X. Elle s'émerveille devant la Vierge Couronnée et les bouquets de fleurs. Nous récitons ensemble le « Je vous salue Marie » en Romanes.

En entrant à Pie X elle n'en croit pas ses yeux ! Elle semble à l'aise au coeur de cette messe internationale. Au moment du Notre Père, spontanément, elle tend les bras et suit sur le grand écran les paroles en français et en italien.

Tout naturellement on se donne la Paix. Autour de nous, avec nous, Asiatiques, Africains, gens des pays de l'Est se tendent la main. Bernadette se sent si heureuse et elle fait ce geste avec tellement de grâce ! Nous sommes bien ensemble.

Tout à coup un policier surgit de derrière nous...

Joignant le geste à la parole il la désigne du doigt et ordonne :
« Vous, sortez ! »

« Excusez-moi Monsieur, lui dis-je, mais nous sommes ensemble, pour la prière ».

Il appelle l'extérieur avec son talkie-walkie, Bernadette me serre le bras « On n’a rien fait de mal ». Et, tout en me conseillant de faire ce qu'il dit, elle me chuchote : «  J'ai 18 ans aujourd'hui, je suis majeure, s'il me prend, il me renvoie de suite en Roumanie »

Nous nous dirigeons vers une sortie mais, pointant à nouveau son doigt, il nous indique la porte que l’on doit prendre.

Avec Bernadette nous faisons un arrêt devant le Saint Sacrement. Elle jette un coup d'oeil, le policier est toujours là derrière nous. Il nous accompagne jusqu'à la sortie où un autre nous attend, talkie-walkie lui aussi à l'oreille. Bernadette me serre très fort le bras et nous nous retrouvons sur le trottoir, hors des sanctuaires.

Un homme passe en voiture et lui fait signe. « Je le connais me dit-elle, c'est un Monsieur d'ici, il m'avertit que le fourgon de la police est là ». Elle est très inquiète pour sa maman. Elle se cache au coin de la rue pendant que je vais voir où est sa mère. Elle n’est plus là !

 

Quelques instants d’angoisse, puis elle l'aperçoit tout à coup ! Aussitôt, Bernadette me quitte.

Elle court vers sa mère, le bidon d'eau à la main ! De loin elle me fait des signes d'au revoir et m’envoie des baisers ! Et c’est ainsi que nous nous sommes quittées…

Cette messe internationale à laquelle je me rendais le dimanche 21 août 2011, je ne suis pas prête de l’oublier !

Elle ne s’est pas déroulée selon le rite habituel, elle a même été vécue, si l’on peut dire, dans « le désordre ». Il m’a manqué certes, la Liturgie de la Parole mais la vie de Bernadette n'a-t-elle pas été pour moi « Parole de Dieu » aujourd’hui ?

Et la communion n’a pas été seulement au moment où j'ai reçu l'hostie : le partage du café et du pain au chocolat, les mains tendues fraternellement au moment du baiser de paix,  le coup d'oeil  de l'homme en voiture, l'accueil de la commerçante qui lui permet de s'asseoir sur le trottoir devant son magasin, tout cela n’est-il pas « communion, Eucharistie » ?

 

« Elle me regardait comme une personne »   disait Bernadette en parlant de « la dame » au curé Peyramale. Puisse l’autre Bernadette et tous les migrants et exclus de la terre être considérés et regardés eux aussi « comme des personnes » !


Thérèse Poisson